Mondes en migration
Exils choisis, exils contraints, guerres religieuses, migrant·e·s, déplacé·e·s, réfugié·e·s, déporté·e·s, tant de mondes en migration qui constituent le fil rouge de la programmation 22-23 du Grand Théâtre de Genève. Un monde en perpétuel mouvement — également artistique — que le Grand Théâtre tracera cette saison dans le sillon de l’arrivée de Sidi Larbi Cherkaoui, nouveau directeur artistique du Ballet du Grand Théâtre. Une nouvelle résonance pour ouvrir plus encore les frontières grâce aux artistes qui feront palpiter le Grand Théâtre au cours de cette saison.
Le chemin tracé ces trois dernières saisons par Aviel Cahn, directeur général du Grand Théâtre, se poursuit, faisant de l’institution genevoise une plateforme créative contemporaine pour l’opéra et la danse, où se croisent et se rencontrent toutes formes d’arts et d’artistes, dans une programmation au répertoire pointu, déclinée en cycles de saison en saison et marquée par des choix engagés, ancrés dans des thématiques sociétales actuelles et pertinentes. Une fois encore, cette saison nous réserve des présences inédites faite d’artistes à la renommée internationale, certains esquissant leurs premiers pas dans l’univers de l’opéra ou sur la scène du Grand Théâtre de Genève. L’opéra, un art total, pour toutes et tous, comme écho à ces Mondes en migration.
Présentation
Aviel Cahn, directeur général, Clara Pons, dramaturge et Sidi Larbi Cherkaoui, directeur du Ballet, présentent la nouvelle programmation du GTG.
Une saison illustrée par du photojournalisme
Nul ne pouvait mieux incarner cette saison de Mondes en migration que Paolo Pellegrin. Membre de la célèbre agence Magnum Photo depuis près de vingt ans, photographe contractuel pour Newsweek pendant dix ans et collaborateur permanent pour le New York Times, Paolo Pellegrin est l’une des figures les plus exemplaires du photojournalisme européen actuel. Ses photographies, qui accompagneront l’ensemble de notre programmation 22-23, ont été prises durant les dernières décennies sur toutes les routes du monde, témoins émouvants et intenses d’individus, de groupes et de communautés en migration, rendant ainsi ce monde plus lisible, à défaut d’être compréhensible.
Par Marc Donnadieu
Conservateur en chef à Photo Elysée, Lausanne
Italien de naissance, vivant le plus souvent à Genève quand il n’est pas sur toutes les routes du monde (Congo, Mali, Algérie, Égypte, Liban, Libye, Iran, Palestine, Serbie, Afghanistan, Cuba, Haïti, États-Unis), membre de la célèbre agence Magnum Photo depuis près de vingt ans, photographe contractuel pour Newsweek pendant dix ans et collaborateur permanent pour le New York Times, Paolo Pellegrin est l’une des figures les plus exemplaires du photojournalisme européen actuel. Mais s’il couvre l’ensemble des drames et des conflits de notre époque, c’est surtout « pour ne pas dire que l’on ne savait pas ».
Ancien étudiant de l’école d’architecture de l’Università la Sapienza de Rome, il cadre et construit ses images à partir de lignes de compositions affirmées et selon un noir et blanc expressif et puissant. Pourtant, très paradoxalement, Paolo Pellegrin ne craint pas d’affirmer : « Je suis plus intéressé par une photographie qui est “ inachevée ” – une photographie allusive qui peut déclencher une conversation ou un dialogue. Il y a des images qui sont fermées, finies, dans lesquelles il n’y a aucune porte d’entrée. » Mais n’est-ce pas ce que recherche également tout récit littéraire, tout texte théâtral, toute écriture chorégraphique, toute parole d’artiste : « s’entretenir » avec le monde, « s’entretenir » avec son lecteur, spectateur, regardeur, auditeur ? Autrement dit, d’une part, se « tenir » là, entre ses mains ou face à son regard. D’autre part, être « entre », entre les autres et soi, entre la scène du monde et la nécessité d’une représentation, entre les images et/ou les mots et le lire et/ou le voir au sens de John Berger ? Témoigner, oui ; mais comment ? pour qui ? pourquoi ? Produire des liens, créer des ponts, ainsi que le souligne le photographe : « Utiliser la photographie pour dire quelque chose qui va au-delà de la surface, qui vibre, qui résonne. »
Aussi, de page en page, alors même qu’elles auraient pu perdre de leur justesse de par leur décontextualisation ou leur délocalisation, les photographies que Paolo Pellegrin a très précisément sélectionnées pour cette saison du Grand Théâtre n’en sont que plus émouvantes et intenses à faire face à ces textes immémoriaux ou émergents auxquels elles sont confrontées. Elles en gagnent même en grandeur et en symbolique, voire en beauté, mot dont se méfie pourtant Paolo Pellegrin. La photographie tout comme l’écriture n’isole pas le monde, elle nous l’apporte sur la scène de notre vie. Elle l’éclaire, nous le fait revivre, et tente de mieux nous le faire comprendre. Le théâtre en a toujours fait de même. À nous de répondre aujourd’hui à ces adresses du monde et du réel, du texte et de l’image. À nous d’entrer, ici et maintenant, dans « leur » scène.
Programme
Parcourez la brochure de la saison 22-23 en ligne.
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